Entretien réalisé par Momar Dieng
Qu'avez-vous avez fait d’essentiel depuis votre arrivée à Dakar le 2 août ?
Bonjour. Mon séjour se passe très bien. Depuis que je suis arrivé, j'ai essayé vraiment de me ré-imprégner de la culture locale. Mais surtout, ce qui est important pour moi, c’est que je suis venu avec une partie de mes enfants. Je voulais qu'ils pussent visiter certains des sites historiques qui sont importants, et plus particulièrement Gorée, qui a vraiment marqué l'histoire. C'était vraiment important pour eux de voir cela de leurs propres yeux après avoir lu et appris des choses sur cette séquence douloureusement vécue par l’Afrique.
Pour vous et pour eux, c’était l'émotion à Gorée, à la Maison des esclaves ?
Oui, absolument de l'émotion. Mais beaucoup plus encore : surprise et dégoût. Dégoût pour ce que la nature, l'être humain peut faire à un autre être humain. Bien sûr, c'était il y a plusieurs siècles, mais vu avec le regard actuel, c’est vraiment choquant de voir comment les gens étaient traités comme des sous-humains. Ça, c'est quelque chose qui a vraiment marqué les enfants. Parfois c'est difficile de l'apprécier immédiatement, mais avec un peu de recul, je crois que ça aura un impact encore plus profond.
Quel lien devrait-il y avoir entre des lieux comme et d'autres sites africains, d’une part, et les Afro-américains comme vous, d’autre part ?
Je crois que le lien, c'est simplement que ceux qui sont passés par là ont vécu le même genre d'expérience cruelle, où l'esclave noir est considéré de fait comme un sous-humain, marchandise. Ce qui était aussi surprenant, c'est de voir certaines pratiques des esclavagistes institutionnalisées. Par exemple, quand des esclaves sont malades, on les jette par-dessus bord, parce qu'on ne veut pas qu'ils contaminent les autres. On voit ainsi que leur vie n'avait vraiment aucune valeur au-delà de ce qu'ils pouvaient rapporter d’un point de vue commercial, dans les champs et le travail qu'ils pouvaient faire…
Une chasse aux migrants est en cours aux Etats-Unis depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier 2025. Les Afro-américains devraient-ils avoir une position de principe par rapport à cette situation qui concerne beaucoup d'Africains ?
Oui, je pense qu'ils devraient, mais à ce moment-ci, selon mon observation, il n'y a pas encore eu d'organisation formelle. Sans doute parce qu'il faut comprendre qu’une grande majorité de l'immigration aux Etats-Unis, notamment celle qui est considérée comme illégale, se passe surtout au niveau des pays limitrophes, donc au sud avec le Mexique, Guatemala, Venezuela, mais surtout le Mexique qui partage une très longue frontière avec les Usa. Il est vrai que l’on trouve parfois des immigrants d'origine africaine qui passent par la frontière du Mexique, mais pas en très grand nombre.
Est-ce qu'au niveau de votre circonscription, vous avez été confronté à la question migratoire ?
Certainement ! Mais comme je l'ai dit plus tôt, parce que la ville n’est pas limitrophe des fortes zones migratoires, il y a moins d'immigrants. Evidemment, les migrants opèrent parfois dans la clandestinité, ce qui rend difficile toute statistiques officielles sur la question. Cela rend aussi non nécessaire l’établissement de structures d’accueil ou de détention comme il en existe ailleurs dans le pays. Cette immigration-là, on la verra beaucoup plus au niveau du sud, dans des Etats comme le Texas, l'Arizona et aussi la Californie. C'est là où on peut répertorier un très grand nombre de migrants avec la proximité de la frontière mexicaine.
A Bloomington, faites-vous face à l’idéologie Trump en termes de racisme concernant les Africains ?
Oui, mais je dirais toujours dans le même contexte qu’il n’y a pas beaucoup de racisme contre les Africains. Je sais par exemple que la population congolaise qui habite dans la communauté est devenue plus importante qu'auparavant, probablement aux environs de 300-400 personnes. C'est un chiffre que l'on ne connaît pas exactement parce qu'on ne les a pas recensés. Ce qui est certain, c’est qu’il n’y a pas beaucoup d’Africains dans cette zone. Bien sûr, l'approche du président Trump sur la question migratoire a soulevé beaucoup de bruit et certaines émotions. Mais très souvent, les discussions et les événements se passent beaucoup plus au niveau fédéral qu’au niveau local où les chiffres ne sont pas aussi importants. Ce genre d'immigration dit illégal aussi dépend du chiffre. Donc, les gens préfèrent opérer dans l'anonymat. C’est pourquoi il y a plus de bruit dans des coins comme New York, Chicago et ailleurs.
Ce sont les médias qui font la différence de publicité sur le sujet entre les grands et les petits centres urbains et les petits centres.
Oui, absolument. Par exemple chez nous, Chicago est justement le centre d'attention de l'administration du président Trump parce que Chicago a adopté une loi, il y a de cela plusieurs années, où il se considère comme une ville sanctuaire pour les immigrants. D'ailleurs, au niveau de l'état de l'Union, il y a une loi qui s'appelle « Trust Act ». Elle interdit aux polices locales et municipales d'aider les agents d'immigration. Quand quelqu'un viole les lois d'immigration, c'est considéré comme étant un problème civil et non criminel. La police est utilisée beaucoup plus pour des situations criminelles. Donc, s'il arrivait qu'il y ait un immigrant qui ait commis un crime, à ce moment-là, la police locale, municipale peut aider. C'est ce qui est dans la loi de l'Illinois. À cause de ces lois-là, l’Etat de l'Illinois et la ville de Chicago sont dans le point de mire du président Trump. Il arrive que les agents et police d'immigration soient envoyés dans les quartiers, les centres et même dans les tribunaux pour arrêter des gens qui ont un rendez-vous concernant leur situation d'immigration.
Oui, on a vu cela à la télé.
C'est ce qui crée beaucoup de consternation parmi les populations immigrantes dans l’Etat de l’Illinois.
Comment définiriez-vous le président Trump ?
C’est quelqu'un qui est assez pragmatique, transactionnel. Il a été élu, justement, sur la base de la résolution des problèmes liés à l'immigration. À partir de cela, il essaie de satisfaire sa base. Malheureusement, je pense que son approche est un peu brutale, elle est mise en oeuvre sans une analyse profonde de la situation et des paramètres en jeu. C'est du populisme qui ne vas pas résoudre la question. L’immigration, quoi qu'il arrive, reste un problème auquel l'Amérique devra faire face. La réalité est que, aujourd’hui, les États-Unis ont besoin de travailleurs. Ils ont besoin d'énormément de travailleurs pour pouvoir satisfaire les besoins économiques. Et la communauté, je dirais, la communauté des affaires en est tout à fait consciente.
Y a-t-il dans l’arrivée de Trump au pouvoir un ou des éléments positifs pour l'Amérique ?
Un élément positif pour l'Amérique ? C'est dur. Oui, ça va être dur d’en trouver ! Il faut vraiment chercher et chercher, mais c'est très difficile à cause toujours de son approche des questions essentielles à débattre... Quand on est au pouvoir, surtout la présidence américaine, la voix d'un président américain porte très loin. Ce que je constate, c'est qu'il existe maintenant beaucoup d'antagonismes entre les citoyens américains. Chacun a pris des positions et ne bouge pas. Et justement, c'est ce qui fait que les gens, les têtes se cognent. Cette situation délétère n’est pas plaisante a vivre pour beaucoup de gens. Je ne sais pas si vous l'avez vu ici, mais très souvent, beaucoup de citoyens américains ont menacé de quitter les États-Unis et d'aller vivre ailleurs.
La Russie est en train de proposer des visas spéciaux aux Américains, entre autres...
Il y a forcément des gens qui en profitent. Parce que l'approche Trump a perturbé beaucoup de choses. Le président s'en est même pris à des universités dont Harvard et Columbia. Et maintenant, l'effet total de tout cela, c'est que les étudiants étrangers, par exemple, ne veulent plus venir étudier aux États-Unis. Alors, ils se concentrent maintenant sur le Canada, l'Australie et d'autres pays comme la Chine. Or, les étudiants étrangers ont quand même un certain apport économique quand ils viennent aux Etats-Unis. Ils dépensent beaucoup d'argent, ils payent beaucoup plus que les Américains, surtout dans les universités d'État. Très souvent, le coût des études est multiplié par deux, parfois par trois. Donc, c'est une perte pour les États-Unis en plus de ce qu'ils amènent comme diversité et différences culturelles, ouverture d'esprit.
L’ex-président Joe Biden est accusé d’être en partie responsable du retour de Trump en laissant tardivement le leadership à Kamala Harris.
Je crois que ça, c'est possible. Évidemment, une fois que ça s'est passé, c'est facile de faire une analyse et de dire cela. Mais j’estime que si elle a été beaucoup critiquée, elle n'a pas vraiment eu le temps de préparer sa campagne et d'étaler son programme d'action. Kamala Harris n'a eu pratiquement que deux mois devant elle pour tenter de contrer son adversaire républicain. Faire campagne pendant une année, deux années, lui aurait vraiment permis d’avoir plus de chance. Les gens n'ont pas eu l'opportunité de voir en elle une candidate crédible, avec tout ce que cela peut comporter comme préjudice. Préjudice vis-à-vis des femmes, préjudice vis-à-vis de son appartenance ethnique, mais aussi son expérience en tant que procureur général en Californie. Certains l'ont critiquée pour avoir mis beaucoup de gens en prison.
Aujourd’hui, sept mois après l’arrivée de Donald Trump, comment se portent les Etats-Unis ?
Oui, à mon avis, je crois que sur le point de vue économique, les gens continuent leur vie de tous les jours. Certaines compagnies (entreprises, NDLR) font ce qu'elles ont à faire. Moi, je crois que c'est surtout sur le point de vue moral, mental, où vraiment le pays est en difficulté. Comme on dit en anglais « soul searching », on cherche un peu à savoir qui est-ce que l'on est, est-ce qu'on va avoir un esprit ouvert vis-à-vis des immigrants si l’on admet et comprend qu'on a vraiment besoin d'eux. A mon avis, ce dont le pays a besoin, c'est d'avoir enfin une conversation honnête vis-à-vis de l'immigration. Je ne sais pas si je l'ai dit auparavant, mais le président George W. Bush, déjà en l'an 2000, avait essayé de résoudre ce problème d'immigration, parce que la communauté des affaires avait déjà reconnu qu'il y a un vrai problème. Nous avons besoin de travailleurs. La difficulté est comment les accueillir sans pour autant encourager les voies illégales d’immigration tout en tenant compte de ceux qui sont dans le pays depuis longtemps.
Fondamentalement, c’est quoi ce problème ?
Très souvent, les politiciens, d'après ce que j'ai observé aux Etats-Unis, ont leur district, leur circonscription, et ce sont ces populations là qu’ils représentent. Donc, ils vont faire ce que les gens veulent, alors que des fois, le problème est de dimension nationale qui demande que l'on pense national. Il y en a qui ne le font pas. Et quand c'est un problème fédéral, il faut trouver les 200 et plus voix au niveau de la chambre basse, et puis aussi les 51 voix au niveau de la chambre. (…) Je crois qu'en ce moment, le pays a une espèce de malaise, parce qu'il y a des gens qui pensent que leurs problèmes sont dus aux immigrants, ce qui n'est pas vrai.
Cette politique de Trump faite de tensions permanentes est-elle tenable dans la durée ?
Personnellement, je ne pense pas. Mais ce qui est fascinant avec l'Amérique, c'est que tous les deux ans, les gens ont l'opportunité de changer de direction sur le point de vue législatif. Et tous les quatre ans, ils ont l'opportunité de changer. Nous avons eu Barack Obama pendant huit ans. À ce moment-là, les gens se sont dit que si un président noir a été élu, les démocrates sont partis pour de longues années au pouvoir. On a vu la suite ! Avec Georges Bush Jr, qui a été président pendant huit ans, on a vu ce qu’il en est advenu avec les problèmes économiques…
Vous pensez qu'il y a, pour les élections de mid-terme de 2026, des possibilités de basculement du Congrès qui affaiblirait Trump ?
Oui, ça c'est toujours possible. Simplement, la question est de faire la proposition aux électeurs et de mettre en avant des candidats qui peuvent présenter une opposition crédible. Oui, c'est fort possible même si je sais que le Parti démocratique n’est pas dans une grande forme… Le président a le Congrès aussi avec lui, ce qui lui permet de dérouler carrément son agenda législatif de le dérouler carrément.
Concernant l'immigration, le Rwanda et le Soudan du Sud ont accepté de recevoir des personnes expulsées par l’administration Trump. Qu’en pensez-vous ?
Je ne sais pas ce que ces gens expulsés vont faire dans ces pays-là ! Vraiment ! On peut penser que chacun de ces pays-là a décidé qu'il y a quelque chose à gagner pour eux dans cette opération d’expulsion. Mais pour moi, d’un point de vue humain, si renvoi il doit y avoir, cela doit être vers leur pays d'origine. Sinon cela crée des gens qui n'ont pas de terre, pas de nationalité, pas de patrie.
En juillet 2025, le président Trump a reçu 5 chefs d’État africains dont le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye. Il y a eu beaucoup de commentaires sur cette réception-là…
Pour ma part, j'ai trouvé ça intéressant. C'est quelque chose qui est rare. Je ne me rappelle plus avoir vu autant de chefs d'état présents ensemble avec le président à la Maison Blanche. Je crois que l'important est que chacun y trouve son compte. Je ne sais pas quels étaient les objectifs de ces pays étant entendu que le plus important est qu’ils atteignent leurs objectifs et qu’ils les partagent avec leurs populations respectives qui doivent en comprendre les raisons.
Comment voyez-vous la relation entre les États-Unis et l'Afrique sous l'ère Trump?
Oui, je crois qu'il faut être pragmatique. Comme on dit, les États n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts. Je sais que, par exemple, l'approche que le président Trump a choisie vis-à-vis de l'aide internationale a consterné beaucoup de gens. Ce qui est fait est fait. On n'a pas le choix. Je crois qu’il appartient maintenant aux pays africains d'en prendre acte et de voir comment il faut continuer à aller de l'avant.
L’USAID, principale agence de coopération des Etats-Unis avec le reste du monde, a été démantelée. Qu'est-ce que vous en pensez ?
Personnellement, j'aurais préféré une approche plus douce et plus étendue dans le temps. L'argument de Trump est que ses électeurs lui ont dit qu'ils ont eux-mêmes des problèmes économiques qui les assaillent au quotidien. Mais en agissant aussi vite et aussi brutalement, Trump fait beaucoup de dégâts, non seulement au niveau des populations qui bénéficiaient de l'aide américaine, mais aussi au niveau des employés de l'USAID qui ont perdu leur travail et qui ont eu pas mal de difficultés pour réorganiser leur vie du jour au lendemain. Parce que ce sont des gens qui sont à l'étranger. Aujourd’hui, il leur faut réorganiser leur vie personnelle, les enfants, les familles. Et revenir aux États-Unis où certains n'avaient pas un pied à terre. Il faut penser aussi au mental. Maintenant c'est à l'Afrique de s'organiser et cela est possible par rapport aux États-Unis. Oui, c'est possible que l'Afrique s'organise. L'Afrique n'est pas ce qu'elle était il y a 40-50 ans. Elle a une plus grande capacité intellectuelle à pouvoir se débrouiller. Mais c’est un travail qui demande de la discipline et de l'organisation.
Ne voit-on pas à travers les actes proposés par l'administration Trump le visage d’une Amérique qui se suffit à elle-même et où les gens ne s’intéressent qu’à leur proximité immédiate ?
Je crois que oui, un tout petit peu. Mais il faut aussi réaliser que ça vient d'un homme, d'un homme qui a une très forte personnalité et qui a eu une très grande emprise sur son parti, le parti républicain. Et comme j'ai dit quelque part, ça devient parfois difficile de se justifier devant ses propres électeurs. C'est même un problème auquel j'ai fait face dans la municipalité. Parce qu'il y a tellement de besoins pour lesquels nous avons été élus par les populations. Faut-il dépenser 50 000 dollars pour le marketing parce que c'est important alors que les électeurs disent non. C’est un vrai problème pour nous. En même temps, on peut avoir des difficultés avec les infrastructures qui ne peuvent pas attendre. En général, les gens n'arrivent pas à connecter les différentes priorités de la municipalité. C’est en cela que le marketing est important parce qu’il fait venir des hommes d'affaires, ce qui augmente nos ressources et nos revenus. (…) Donald Trump a pu capitaliser sur tous ces sujets pour être élus en brandissant la cessation de certains financements américains pour des pays et des populations hors des Etats-Unis. Il a su galvaniser suffisamment d’électeurs américains pour être élu. Mais moi je dis que dans deux ans, dans quatre ans, il y a peut-être une possibilité de faire autre chose. Et à ce moment-là, il y aura quelqu'un qui aura une autre vision de l'Amérique.
Vous espérez que ce soit un.e démocrate?
Je dirais que j'espère que ce sera quelqu'un qui sera bon pour les États-Unis. Il faut toujours écouter les candidats du début jusqu'à la fin, quand ils font campagne, pour essayer de comprendre. Il y a des fois certains candidats qui ont une certaine idéologie et qui ne veulent pas nécessairement être bon pour le pays. Donc il faut vraiment écouter les candidats.
Pouvez-vous nous présenter la ville de Bloomington ?
Bloomington est une ville moyenne d'à peu près 78 000 à 79 000 habitants. Elle est située à deux heures au sud-ouest de Chicago. Elle fait partie physiquement d'une communauté à travers un jumelage avec une autre ville qui s’appelle Norman. On les appelle en anglais les Twin Cities. D’un point de vue économique, elle est diverse, ce qui fait que l'économie locale a très souvent pu survivre au soubresaut des diverses récessions.
Nous avons un mélange d'industries et de services, en plus de l’agriculture et de l’administration locale. Ce qui fait que lorsqu’il y a certains soubresauts dans l'économie, c'est beaucoup plus atténué chez nous. En clair, on peut perdre mille ou deux mille personnes a cause de la fermeture d’une compagnie, on va le sentir certes, mais il n'y aura pas vraiment de dépression. Il y a 6 ou 7 ans, une grande entreprise qui s’appelle Euravian s’est installée à Bloomington, elle fabrique des voitures électriques. Elle emploie aujourd’hui presque 8 000 personnes, ce qui est une affaire considérable pour la communauté en tant que deuxième employeur. Tout en haut, on a une grande compagnie d'assurance, State Farm, qui est chez nous avec a 15000 employés. Nous avons aussi la compagnie de chocolat d’origine italienne, Ferrero avec 500 employés. Elle a investi 400 millions de dollars (environ 225,326 milliards de francs CFA) au cours des 3-4 dernières années.
A côté, on a deux universités, une publique et une privée, Et puis, il y a ce qu'ils appellent un collège de communauté, « Community college », qui offre des formations sur deux ans. Ce sera soit une formation professionnelle pour des gens qui font des certificats et qui vont travailler dans une compagnie. Soit ce sera une formation sur les deux ans qui permet d’aller dans une autre université pendant deux ans pour ceux qui visent une licence.
Vous avez donc été maire durant quatre ans et votre mandat s’est terminé le 1er mai 2025.
Oui, exactement.
C’est quoi la journée de travail d’un maire dans une petite ville comme Bloomington ?
Il y a des différences essentielles quand on parle de maire ici. Le maire de Chicago, par exemple, est différent d'un maire comme moi quand il était en fonction. Le maire de Chicago, c'est un maire fort, à temps plein. Il est le chef de l'administration. Dans le système où moi j'étais, j’étais un maire à temps partiel qui travaille avec un administrateur recruté pour s'occuper des affaires courantes, notamment administratives. Cet administrateur et son staff prépare et exécutent les stratégies que le maire et le conseil municipal ont déterminées. Ils veillent chaque jour à atteindre les objectifs qui leur sont fixés. En ce qui me concerne, je peux avoir des réunions avec l'une ou l'autre personne ou un autre groupe, mais ça se fait seulement sur demande.
Je passais aussi beaucoup de temps à répondre au courrier, à prendre part à des manifestations et très souvent à signer des papiers, des accords tout en présidant le conseil municipal qui prend les décisions et impulse certaines actions. Le maire reçoit également beaucoup d'hommes d'affaires qui veulent investir dans la ville. Le maire a des contacts avec les sénateurs et les députés (Représentant, NDLR) qui sont présents au niveau de l’Etat et au niveau fédéral. Il rencontre ces hommes politiques qui ont accès à des fonds et financements en faisant du lobbying, pour demander appui et assistance pour tel projet de la ville…
Comme je regarde beaucoup les séries américaines, je suis obligé de vous demander si vous faites face à la criminalité !
Oui, ça, ça peut arriver. Je crois que la ville où je suis est un endroit où le taux de criminalité est très bas. Il l’a toujours été d’ailleurs car tout le monde est généralement occupé ou mobilisé sur quelque chose. Il arrive parfois qu'il y ait un homicide, on fait face à cela, mais chez nous, c'est vraiment assez diminué.
Vous revenez au Sénégal pour quelques jours. Qu'est-ce qui a changé depuis votre départ ?
J’avais 13 ans quand je suis venu à Dakar avec mes parents dont mon père fonctionnaire de l’Unicef. J’y suis resté jusqu'à l'âge de 18 ans. La ville a beaucoup changé avec un nombre impressionnant d’infrastructures en hauteur, surtout dans ce quartier (l’entretien a eu lieu à son appartement du Point E le 6 août 2025, NDLR). Je constate aussi que les autoroutes sont sorties de terre et que le trafic est très dense, surtout que l’on m’a dit que c’est la période des vacances ! J'ai eu l'occasion de visiter les Maristes où j’ai habité pendant 5 ans. A part l’île de Gorée, je me suis rendu aussi au Lac Rose.